dimanche 7 octobre 2007

Matériaux et techniques - n°IX

LA PEINTURE A L'HUILE
L'histoire Découverte à la Renaissance, cette technique connut un succès foudroyant et fit pour longtemps oublier les anciens médiums. Rien ne pouvait en effet rivaliser avec la transparence, la profondeur et les temps de séchage lents qui permettaient toutes les retouches. En plus de ces avantages considérables, elle avait, pour peu qu'on respectât ses exigences, la garantie d'une excellente résistance au temps. 
C'est là en effet que réside la difficulté essentielle de la peinture à l'huile : savoir respecter les temps de séchage entre chaque couche et peindre sur un support parfaitement sec. Ces deux erreurs sont à elles seules responsables de la plupart des dégradations qu'ont eu à subir les chefs-d'oeuvre des musées. La Cène de Léonard de Vinci se couvrit de fines craquelures peu de temps après sa réalisation parce que le peintre ne s'était pas assuré du complet séchage de l'enduit de préparation à base d'eau. Le bitume, un noir profond aux magnifiques reflets cuivrés, s'avéra être une catastrophe pour les peintres qui l'utilisèrent en sous-couche. 
A côté de tant de ces oeuvres irrémédiablement gâchées par le manque de connaissance de leur métier, certains peintres furent des maîtres dans la préparation et l'utilisation de l'huile. Jan Van Eyck réalisa des oeuvres qui n'ont subi pratiquement aucune altération quelques 600 ans après. L'huile est donc bien une des techniques les plus solides qui soient à condition qu'on en maîtrise la délicate alchimie. Les ateliers d'antan ressemblaient d'ailleurs à des laboratoires, avec leurs fioles sur les étagères et leur creuset pour broyer les couleurs précieuses.
Le support On peut peindre à l'huile sur de la toile, du bois, du papier, des murs, du verre, etc. Je ne parlerai ici que des trois premiers supports, qui constituent l'essentiel du tableau de chevalet. Il faut que le support soit au préalable enduit d'une couche qu'on appelait gesso, et qui se vend de nos jours mélangée à de la résine acrylique. La toile de lin ou de coton peut s'acheter soit tendue sur un cadre en bois, soit au mètre à tendre soi-même. Le papier (comme la toile) peuvent être marouflés (collés) sur un support rigide (bois), ou laissés tels quels. Utiliser un papier épais, soit pour les études à l'huile, soit pour l'acrylique. Le bois peut-être de l'aggloméré ou du contreplaqué poncé et enduit de gesso.
La méthode Pour peindre à l'huile, il faut des pigments mélangés à de l'huile, vendus en tube ou en pot, des pinceaux généralement en soies de porc (de trois sortes, plats, en langue de chats ou pointus), du white-spirit pour les nettoyer ainsi que la palette, du médium pour diluer les couleurs, que l'on peut fabriquer soi-même en mélangeant moitié-moitié de l'huile de lin et de l'essence de térébenthine en y ajoutant toutefois quelques gouttes de résine et de siccatif pour faciliter la prise et le séchage ultérieur. On en trouve de prêts à l'emploi dans le commerce, que vous devrez probablement diluer à l'essence suivant leur pouvoir siccatif et leur quantité de résine. Enfin, des chiffons pour essuyer les pinceaux avant de changer de couleur.
Je suppose ici que vous allez peindre votre tableau en une seule séance. La superposition de nombreuses couches demande beaucoup de patience et de savoir-faire. Sachez cependant qu'on ne doit pas peindre sur une couche qui a commencé à sécher, mais attendre quelques jours suivant l'épaisseur. L'expérience sera le seul garant de la durée future de votre oeuvre.
La première couche sera passée très diluée à l'essence de térébenthine ou de pétrole, suivant la célèbre maxime du "gras sur maigre", pour éviter que l'huile des couches inférieures ne vienne en séchant tendre et faire craqueler les couches supérieures. On en profitera pour ébaucher le sujet soit sur un dessin au fusain essuyé au chiffon pour ne pas noircir la couleur, soit directement au pinceau. Les retouches étant possibles à l'infini, profitez-en si vous n'avez pas envie de dessiner avant de peindre.
Vous pouvez comme les grands maîtres du genre empâter progressivement avec les pinceaux aux poils rigides en soies de porc, au fur et à mesure de l'avancement de votre travail, pour finir avec du blanc les parties les plus lumineuses du tableau. N'oubliez pas d'augmenter la quantité de médium si vous ne voulez pas que votre peinture reçoive à juste titre le qualificatif peu glorieux de "croûte".
Le nettoyage du matériel est très important pour sa préservation. Les pinceaux devront être essuyés, puis débarrassés de la couleur résiduelle avec du white-spirit, et enfin nettoyés dans le creux de la main avec du savon de marseille, puis mis à sécher tête en haut. La palette sera nettoyée en totalité, prenez donc garde en commençant de ne pas y déposer trop de couleur car elles durcissent et deviennent inutilisables par la suite.
La toile sera mise à sécher à l'ombre et à l'abri de la poussière jusqu'à complet durcissement de toutes les couches, ce qui peut prendre une quinzaine de jours voire davantage. Le vernissage n'est pas vraiment nécessaire, mais peut corriger les aspects mats (embus).
Bonnes réalisations !

1 commentaire:

  1. bonjour

    je vous remercie des détails que vous donnez sur votre blog concernant les techniques. Je peins en amateur et je ne savais pas tout ceci, je n'ai malheureusement pas les moyens de prendre des cours et ces explications me sont précieuses. Quand à vos tableaux ils sont sublimes.

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