Fusain sur toile, 33 x 41 cm |
Comme je vous en parlais hier, j'ai réalisé suivant la même méthode ce dessin préparatoire à une peinture à l'huile. La technique utilisée ici est le fusain, qui convenait mieux au sujet par l'importance donnée au jeu diffus d'ombres et de lumières des feuillages.
Le format de la toile est un N°6 F, ce qui signifie : Figure n°6, soit 41 x 33 cm. Les formats de toile standards sont rangés en 3 catégories : F pour Figure donc, P pour Paysage et M pour Marine. On convient que les portraits sont généralement peints sur des toiles rectangulaires moins allongées que les paysages, et ceux-ci moins encore que les marines, presque panoramiques. Il existe aussi des toiles prêtes à l'emploi de format carré.
Le fusain est l'outil de dessin le plus simple qui soit, un bâtonnet de charbon de bois de saule. On le trouve également sous forme de crayon comme le graphite, avec dans les deux cas, une série de graduations, du plus dur au plus tendre. Il s'étale très facilement et permet des fondus d'une très grande douceur, inégalables par les autres matériaux de dessin. Mais il peut aussi se tailler en pointe sur du papier de verre. On peut donc dessiner des traits fins comme couvrir rapidement de larges surfaces en l'utilisant à plat.
Il ne faut jamais effacer un dessin au fusain avec une gomme normale, mais utiliser de la gomme mie de pain, une sorte de pâte à modeler qui décolle la poudre au lieu de l'étaler comme le ferait une gomme classique. Le fusain devrait être fixé, mais ce n'est pas sans risques pour l'aspect final de l'oeuvre. Dans ce cas, vous pouvez choisir soit de réaliser votre dessin avec des fusains à pointe dure qui marqueront mieux le papier, soit le déplacer le moins possible et avec précaution, et le conserver bien à l'abri de la poussière.
Dans le cas présent, j'ai fixé mon dessin sur toile en plusieurs passages à l'aide d'un fixatif pour fusains et sanguines, mais il s'agit d'un guide pour peindre à l'huile. J'ai volontairement foncé les valeurs sombres du dessin pour l'exemple, mais dans la pratique, il faudrait ne laisser qu'un faible voile de fusain avant de peindre (et de fixer), afin de ne pas ternir les couleurs à l'huile dont la transparence augmente au séchage.
J'en viens maintenant à la méthode pour peindre à l'huile que je vais employer. La difficulté principale en peinture est de préserver le volume quand on passe à l'étape de la couleur. Le conseil des grands maîtres était donc de commencer par peindre les ombres, ce qui permet d'avoir toujours présentes à l'esprit les grandes masses de la composition et de ne pas se perdre dans le détail des nuances. Je vous parlerai un jour de ce qu'on appelle la peinture tonale. Pour l'instant, je me contenterai d'indiquer comment je vais procéder.
A l'aide d'une couleur moins foncée que le noir, comme la Terre d'ombre brûlée, je vais dans un premier repasser les ombres affaiblies de mon dessin soigneusement fixé, avec un pinceau chargé d'un mélange de Terre d'ombre brûlée, d'essence de pétrole désodorisée (l'essence de térébenthine et de lavande, appelée traditionnellement aspic, conviennent bien entendu aussi bien), d'un peu de siccatif et d'un peu de médium à peindre. Ce mélange est à adapter selon vos exigences de séchage.
Sachez qu'une couche de peinture passée à la couleur à l'huile directement sortie du tube ne séchera que très longtemps après. Il est donc nécessaire pour peindre en plusieurs couches de la diluer avec un solvant volatil, et comme il restera toujours dans le mélange de l'huile d'oeillette (pavot) utilisée par le fabricant pour le broyage des couleurs en tube, une huile choisie justement parce qu'elle sèche très lentement, on va pour l'aider à s'oxyder lui adjoindre un peu de siccatif, comme le Siccatif de Courtrai blanc sans plomb, et du médium à peindre.
Sachez qu'une couche de peinture passée à la couleur à l'huile directement sortie du tube ne séchera que très longtemps après. Il est donc nécessaire pour peindre en plusieurs couches de la diluer avec un solvant volatil, et comme il restera toujours dans le mélange de l'huile d'oeillette (pavot) utilisée par le fabricant pour le broyage des couleurs en tube, une huile choisie justement parce qu'elle sèche très lentement, on va pour l'aider à s'oxyder lui adjoindre un peu de siccatif, comme le Siccatif de Courtrai blanc sans plomb, et du médium à peindre.
Le médium à peindre est un mélange de résine, synthétique ou naturelle, de siccatif et d'huile cuite. J'utilise le Médium Flamand sans plomb, que l'on a nommé ainsi parce qu'il est une tentative moderne de retrouver le médium secret de Rubens, sous forme de gel à base de résine mastic, une résine naturelle très chère, mais il est de ce fait deux foix plus coûteux que les autres. Un médium à peindre incolore classique aux résines cétoniques et acryliques conviendra également très bien. Ce qui importe est d'en maîtriser les temps de prise au séchage.
Si on veut peindre avec une pâte de plus en plus riche et onctueuse, qui donnera de la brillance, de la transparence et un éclat incomparable aux couleurs, ce qui semble de loin préférable à l'huile pure, opaque et d'un aspect pauvre, il faudra augmenter progressivement la quantité de médium pour finir par des empâtements et des glacis (fines couches de couleurs vives et transparentes) quand la peinture commencera à "prendre". Je décrirai ces étapes plus tard dans le détail. Pour l'instant, j'en resterai à une patiente mise au point des contrastes avec des couleurs volontairement ternes, grisâtres, à base de terres et fréquemment "salies" avec du bleu.
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